Combien de gens vivaient au château de Versailles ?

C’est une question qui revient souvent dans la bouche des visiteurs du domaine mais aussi des enfants qui étudient l’époque de Louis XIV, de la monarchie absolue et de la Révolution française : combien de gens vivaient au château de Versailles ? La réponse est plurielle car elle dépend des époques. Histoire Sympa va donc vous présenter une moyenne… Et il le faut bien car il y avait ÉNORMÉMENT de gens qui vivaient au château de Versailles avant la Révolution.

Qui habitait au château de Versailles ?

C’est en 1623 que le projet du domaine royal de Versailles commence (et oui ça fait 400 ans cette année). En 1682, les travaux ne sont pas encore terminés mais Louis XIV installe la Cour au château. Dès les premiers temps, ça grouille de monde. On y trouve la famille royale, les princes et princesses de sang ainsi que toutes les personnes qui travaillent directement pour eux.

• Les domestiques (chambellan, valets, barbiers, chirurgien, médecin, intendants, écuyers, maîtres fauconniers, aumônier, confesseur, cardinal, tapissier, horloger, porte-chaise, porte-table, menuisiers, peintres, sculpteurs, serruriers, porte-manteaux, huissiers, cuisiniers, pages, femmes et filles de chambre, maître à danser, gouverneurs, gardes, tailleurs, brodeurs, lingers et lingères, chapelier, lavandiers, merciers, chaussetiers, etc.).
• Les gardes royaux (capitaines, lieutenants, piqueurs, etc.).
• Sans oublier les ouvriers qui œuvrent encore à bâtir le château de Versailles.

Selon les jours, 3 000 à 10 000 personnes sont à Versailles mais toutes ne vivent pas sur place.
Beaucoup de bourgeois, de courtisans, de nobles se font bâtir une demeure dans la ville pour être au plus près du roi. Ce n’est pas toujours par choix mais par défaut : il n’y a pas assez de place pour loger autant de monde !

Tout le monde veut être au château de Versailles

Rien de nouveau sous le (roi) soleil 👑mais, avec l’avènement de la monarchie absolue et Louis XIV, les rois de France sont entourés de très nombreux courtisans. Tous les nobles, quel que soit leur statut, souhaitent attirer les faveurs du roi. Pour cela il faut se montrer à Versailles, faire en sorte que le roi vous voie, et surtout respecter l’étiquette.

Qu’est-ce que l’étiquette ?

Plus une personne de la noblesse se montre disponible à tout moment, de jour comme de nuit, plus elle répond aux demandes royales, même les plus inattendues. Elle maximise ses chances d’être récompensée par des pensions, des gratifications financières royales, un logement au château – donc plus près du roi – et des invitations aux fêtes, cérémonies, aux parties de chasse, etc.
Étonnamment, cette foule bien qu’hétéroclite respecte une hiérarchie précise basée sur le droit de naissance, l’obligation sociale, les intérêts, les gains financiers et la curiosité.

Plus de 200 ans après la Révolution française, tout le monde veut venir au château de Versailles ! De nombreux visiteurs s’y pressent encore chaque jour 😉.

Trop de monde à Versailles à l’époque du Roi Soleil ?

Ces charges royales cruciales donnent droit à des logements de fonction dans le château. Par exemple, le capitaine de gardes du corps, qui suit le roi partout, est bien entendu logé tout près du souverain. Les dames d’honneur de la reine et de la dauphine, le premier médecin du roi logent au plus près du couple royal.

Les charges royales qui se disputent âprement sont aussi variées que :

• secrétaire d’État ;
• maître d’hôtel ;
• grand chambellan ;
• grand écuyer ;
• huissiers ;
• interprètes ;
• troupes d’élite de l’armée royale ;
• contrôleur général des finances ;
• intendants ;
• chancelier de France ;
• secrétaire à la Guerre ou valet de chambre-barbier;
• etc.

Servir est le meilleur moyen de plaire au roi, se montrer utile au royaume et surtout imposer à la noblesse un rôle qui permet à Louis XIV de maintenir son autorité.

À ces grands et moins grands de la Cour s’ajoutent les petites mains qu’il faut loger sur place : aux valets, femmes de chambre, cuisiniers, grands officiers, aumôniers s’ajoutent les ouvriers tant que le chantier n’est pas achevé. Au total, on dénombre 36 000 ouvriers et quelque 3 000 domestiques.
Nuance vitale : quand on perd ou que l’on quitte sa fonction suite à un décès (et que celle-ci n’est pas héritée par un descendant), le logement doit être libéré. Beaucoup de déménagements ont lieu à Versailles entre les décès et des disgrâces…

La foule du château de Versailles s’installe au Grand Commun

Avec l’augmentation régulière de la population au sein du château de Versailles, la place vient à manquer. Le roi décide de réaménager le Grand Commun, bâtiment situé juste en face de l’entrée principale du château, dans enceinte du domaine (une fois passé les grilles, à gauche face au château), dans lequel la domesticité, quelques serviteurs notables et les officiers secondaires sont installés.

Commencé en 1682 alors que Louis XIV emménage au château, le Grand Commun est terminé en 1684. Sa façade reprend le style définit par Jules Hardouin-Mansart pour le reste du domaine mêlant briques et pierre. On y trouve 15 000 m² sur 6 niveaux plus des combles.

Dans un premier temps, les domestiques préposés aux cuisines y préparent les repas des résidents. Une fontaine installée dans la cour intérieure facilite l’accès à l’eau : pas besoin de sortir de l’enceinte de Versailles pour remplir seaux et baquets.
Cette première version du Grand Commun comprend :

• les cuisines, les salles à manger et des bureaux installés au rez-de-chaussée ;
• des appartements spacieux et confortables aux 1er et 2e étages (seuls des serviteurs très appréciés tels que certains cuisiniers, des courtisans et les grands serviteurs de l’État (Colbert, Le Nôtre y habitent) ;
• d’autres étages (l’attique) et des combles moins agréables, étroits, bas de plafond, occupés par les domestiques, les officiers de moindre importance et les jeunes soldats.

À peine terminé, le Grand Commun est réaménagé courant 1684 pour accueillir plus de courtisans, de toute stature. Mais c’est surtout sous le règne de Louis XV, en 1770, qu’un grand changement a lieu : une partie des Dames de la Cour est invitée à loger au Grand Commun. Le roi ordonne des travaux de rénovation et d’aménagement. Pour sa part, la famille royale vit dans des lieux somptueux et spacieux, mais les 226 appartements du domaine royal de Versailles hébergent environ 1 000 personnes. C’est un labyrinthe de couloirs étroits et de pièces minuscules sans oublier les escaliers franchement étriqués.

Imaginez : tout est éclairé à la bougie et les fenêtres étant petites, les hivers laissent peu de place à la lumière dans les logements… Quant au froid, seules les cheminées chauffent les lieux mais elles tirent mal, laissent entrer une fumée dans les habitations qui se nappent d’un brouillard irritant et constant. Lorsque l’été arrive, les malchanceux qui vivent sous les combles ou même dans les aménagements malvenus qui divisent par deux la hauteur de plafond (avec l’ajout d’un entresol de fortune entre deux niveaux initialement bâtis) sont bons pour le sauna !

Et les odeurs ? Une toilette sommaire est alors de rigueur car il faut monter l’eau à bout de bras dans les chambres (sur 6 étages en moyenne), pas de WC mais des latrines vidangées rarement, des pots de chambre et des chaises percées. Les parfums capiteux ne masquent sans doute pas grand-chose…

S’il est moins prestigieux de loger au Grand Commun, car on est un peu éloigné du Roi et que l’on se retrouve sous le même toit que les domestiques, on peut cependant se permettre certaines libertés. Plusieurs habitants en profitent pour agrandir leur logement au détriment de leurs voisins, installer des poêles et des cheminées comme bon leur semble, sans autorisation ni sécurisation. Un rapport en fait état en 1722 et indique que le Grand Commun est passé de 103 appartements en 1684 à 220 en 1722 ! Pourtant, rien ne change avant 1789 et la fin des privilèges.

Beaucoup se contentent ainsi d’un lit sous les combles. Le manque d’espace, de lumière du jour, la fumée rendent les lieux peu accueillants, sans compter les multiples dégradations dues aux changements incessants d’occupants.

Vivre à Versailles mais pas au château

Quand on visite le château de Versailles, on passe immanquablement par la ville. Le regard s’attarde sur les nombreuses bâtisses dont le style rappelle celui de l’enceinte royale. Bien évidemment, ce qui fait encore aujourd’hui le plaisir de vivre à Versailles ne doit rien au hasard.

Les grands seigneurs jouaient des coudes pour obtenir un rôle domestique dans la cérémonie du lever et du coucher du roi soleil, de même pour la toilette de la reine. Sous Louis XIV, les chanceux devenus titulaire de cette charge font bâtir des hôtels particuliers sur des terrains accordés par le roi, proche du château. Il leur est ainsi possible d’être au rendez-vous de leur rôle si ardemment gagné auprès du roi, matin et soir…

De même, les officiers qui ont une famille ne peuvent loger avec elle dans le château de Versailles, Le roi leur octroie donc un terrain pour y faire construire leur demeure.
Une seule condition pour ces logements proches du château : que leurs façades soient uniformes et copiées sur celle du château. Avec le temps, d’autres obligations accompagnent l’octroi de ces terrains : paiement d’une taxe immobilière, fermeture du terrain par une haie ou un mur, paver la rue le long de la demeure et surtout obligation de faire construire sous peine de perdre le terrain.

Dès l’installation de la cour à Versailles, et jusqu’à la Révolution française, le château royal est envahi quotidiennement par près de 10 000 personnes. Seule exception : sous la régence de Philippe, duc d’Orléans (1715-1723), alors que le futur Louis XV est encore un enfant, la cour quitte Versailles pour Vincennes puis Paris. Mais dès 1722, le faste royal revient à Versailles et tient bon jusqu’à sa fin sanglante.

Visiter :

• Le château de Versailles
• La ville de Versailles !

Voir aussi :

• Ridicule
• Marie-Antoinette de Sofia Coppola
• La Révolution française : les années lumière