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La Romanité en France : les lieux à visiter pour comprendre les gallo-romains

Quoi ? Mais rhô ! C’est ennuyeux ça, c’est vieux, c’est loin, bla, bla, bla… Mais non ! Si vous aimez les récits d’Astérix le Gaulois, vous aimerez visiter les lieux qui rappellent encore aujourd’hui que la Gaule, future France, a été pleinement intégrée à l’Empire romain. Notre quotidien est empli de cet héritage, la langue française pour commencer mais pas que… : la république, la citoyenneté, les grandes routes reliant les principales villes, les bains publics, le vin, l’accès à l’eau potable pour tous, les prémisses de la médecine, etc., Histoire Sympa vous présente les dernières traces de la Romanité en France et les lieux à visiter pour comprendre les gallo-romains.

De Rome à Lutèce : des sites antiques à Paris

Fief des Parisii, tribu gauloise, la cité est nommée Lutetia, ou Lutèce, par les Romains qui y voient d’abord un lieu propice à l’amoncellement constant de boue (lutum). Ce n’est qu’au IVe siècle après J-C que ses habitants lui rendirent un nom digne de ses origines gauloises : Paris. La cité est prise par les Romains à l’issu de nombreux affrontements. Sa proximité immédiate avec la Seine en fait un lieu stratégique de choix qui incite les occupants romains à faire de Lutèce une cité digne de l’Empire. On y trouve encore aujourd’hui les témoins de leur empreinte.

Les arènes de Lutèce du 1er siècle ap J-C

Massacrées par les invasions germaniques des III-IVe siècles, abandonnées aux éléments et lentement ensevelies jusqu’au XIXe s, on doit leur réhabilitation à un certain Victor Hugo. Il dénonce publiquement ce massacre de la mémoire et soutient que la ville lumière ne peut renoncer « à la preuve vivante qu’elle a été ville du passé ». Adieu le projet de bâtir un dépôt de tramways sur le site et re-bonjour la splendeur décrépite d’une Lutèce gallo-romaine qui aimait les jeux et pouvait ravir 15 000 personnes en un seul spectacle !

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Les thermes romains

Rendez-vous dans le quartier Saint-Michel, non loin de l’abbaye de Cluny et du musée qui porte son nom. La survie et l’accessibilité retrouvée de ces bains publics sont aussi un petit miracle du XIXe siècle : entre deux luttes intestines pour revenir d’un régime républicain à une monarchie, les gouvernants de la France ont quand même fait des choses utiles.

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Maquette des thermes romains de Lutèce au musée de Cluny pour mieux comprendre la Romanité en France – source Wikipedia

Un reste de Forum

Toujours dans le quartier étudiant par excellence de Paris, boulevard Saint-Michel, le n°61 révèle un vestige du Forum romain et on peut imaginer, en longeant le trottoir jusqu’à la place de la Sorbonne, que ce même chemin longeait le mur de l’antique place publique par excellence qui réunissait toutes les manifestations de la ville : politiques, religieuses, institutionnelles et commerçantes.

L’ancien quartier gallo-romain rue Saint-Jacques

En 2006, des recherches archéologiques (on ne creuse pas que des trous sans intérêt dans Paris) ont mis au jour les restes d’un quartier résidentiel dont la plus belle demeure abritait une richesse d’équipements intéressante : thermes privés, chauffage par le sol, une vraie villa romaine au cœur de Lutèce !

L’enceinte de Lutèce

Pour tenter de se protéger des envahisseurs venus du nord-est, les habitants de Lutèce peuvent compter sur la situation géographique de leur ville, protégée par la Seine. Pourtant, ils choisissent d’y ajouter un mur protecteur, une enceinte que l’on devine encore au 6 rue de la Colombe et dans la crypte archéologique de l’Île (crypte Parvis de Notre-Dame). Une plaque en indique même les secrets aux courageux piétons.

Nîmes, le grand centre de la romanité en France et ses sites incontournables

Pro-romaine bien avant l’annexion de la Gaulle à l’Empire, car devenue prospère grâce à ses nombreux échanges commerciaux avec l’Italie, la ville de Nîmes offre un soutien sans faille à Jules César lors de la bataille qui l’opposa à son ancien allié Pompée.

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Création visuelle de Jules César par Ubisoft pour son jeu Assassin’s Creed Origins

En remerciement, Jules nomme la cité Nemausus et lui octroie le statut privilégié de colonie de droit latin au sein de laquelle tous les futures générations deviennent, dès la naissance, des citoyens romains assurés des mêmes droits civiques que les natifs romains.

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Le crocodile, le symbole de Nîmes

Ce haut lieu gallo-romain fabrique sa propre monnaie frappée de l’emblème de la ville, toujours d’actualité, le crocodile.

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Chara-design de la reine Cléopâtre par les artistes du studio Ubisoft pour Assassin’s Creed Origins

Pourquoi le crocodile ? L’animal fait référence à l’Egypte et la soumission du pays à l’Empire après la bataille d’Actium. A cette époque, le successeur de Jules César, Auguste, combat le rebelle Marc-Antoine amant de Cléopâtre dans sa tentative désespérée de protéger l’Egypte d’une colonisation romaine. Peine perdue : en 31 avant J-C, Marc-Antoine coule avec ses bateaux de guerre en Méditerranée et Cléopâtre, folle de chagrin et refusant de devenir sous-fifre de Rome, se suicide. À l’issue de cette guerre, et en remerciement de leurs bons et loyaux services, les vétérans en retraite s’installent à Nîmes et leur victoire est symbolisée par l’image d’un crocodile attaché à un palmier.

La Maison Carrée

Ne vous y trompez pas, cela n’a jamais été une maison mais un temple dédié au culte impérial installé sur l’ancien Forum. Dédié à Auguste et à ses deux fils, c’est un des monuments vedette de la ville de Nîmes. Son architecture évoque les codes esthétiques romains, hérités de la Grèce. Il mesure 26 m de long, 15 m de large et 17 m de hauteur, on peut aisément faire le tour de sa colonnade répartie sur 3 de ses 4 côtés, ce dernier étant demeuré plein.

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Les arènes

Bienvenue dans le lieu de spectacle par essence ! Imitant le modèle indétrônable du Colisée de Rome, ce monument présente des dimensions impressionnantes :

  • 133 m x 101 m ;
  • 21 m et 60 travées sur la façade extérieure ;
  • Une capacité d’accueil de 20 000 spectateurs.
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Bâties avec des pierres amenées de Barutel et de Roquemaillère, les arènes de Nîmes ont eu leur heure de gloire et de déclin : transformées en forteresse militaire du VIe au XIVe siècle avec l’installation en son sein de nombreuses habitations. À défaut d’avoir un château fort, on vit alors à l’abri dans les arènes antiques ! Il faut attendre le XIXe siècle (et oui, encore lui) pour que toute structure soit démolie et que les lieux soient restaurés. Les arènes ont repris du service pour le plus grands plaisirs des habitants et des touristes !

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L’enceinte et les portes de France et d’Auguste (ou d’Arles)

Datée de 16-15 avant J-C, haute de 9 m et large de 2 m, l’enceinte antique de la ville de Nîmes n’a pas résisté aussi bien aux assauts du temps. De cette protection d’une longueur de 7 km offerte par Auguste, l’une des plus longues enceintes de la Gaule romaine, il ne reste que les portes de France et d’Auguste.

Elles sont aussi les seules rescapées sur les 10 postes antiques, tout comme la Tour Magne est l’unique vestiges des 80 tours qui jalonnaient l’enceinte.
La porte d’Auguste est alors la porte d’entrée principale, traversée par la via Domitia. Cette route tracée par les Romains relie alors l’Italie à l’Espagne en passant par la Gaule. Elle est donc à la fois stratégiquement vitale mais aussi très fréquentée par les voyageurs, les marchands, etc. On devine encore dans la structure de la porte d’Auguste sa fonction de régulation des passants. Deux arcades larges accueillaient les véhicules dans le sens de l’entrée et de la sortie et deux arcades plus étroites étaient destinées aux piétons.
Moins fréquentée, la porte de France (ou d’Espagne) comporte une seule arcade.

Le castellum

En Occident, les Romains sont des champions de l’alimentation en eau des cités. Ce vestige en est une belle preuve. Au Ier siècle ap J-C, un imposant aqueduc, long de 52 km, dont il ne nous reste que le Pont du Gard, permet d’apporter de l’eau à toute la ville. Depuis ce castellum, ou bassin, l’eau est ensuite répartie dans toute la ville via des canalisations jusqu’aux fontaines et puits installés dans tous les quartiers. Ce luxe participe alors au rayonnement de la ville de Nemausus.

Nymphée et Temple de Diane (jardins de la fontaine)

Conservés dans les jardins de la Fontaine, ces vestiges valent le détour, ne serait-ce que parce que le parc est très beau et agréable en toutes saisons.

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Ce bel espace de verdure abrite ainsi le Nymphée, le temple de de Diane, la Source et l’Augusteum. Sacrée à plus d’un titre pour les Gallo-romains nîmois, la source est nourrie des eaux de pluie et motive les premiers habitants à s’installer dans son périmètre. Dédiée au dieu Nemausus (Nîmes), le lieu est ensuite enrichi avec un Augusteum en pierre comprenant un bassin et deux escaliers semi-circulaires. Chaque monument fait état de l’art romain en Gaule, de son empreinte comme de celle de la culture polythéiste romaine.
Cette principale source d’eau a aussi joué un rôle d’importance dans l’installation et la vivacité des ateliers de teinture qui furent, pendant longtemps, une des principales ressources économiques de la ville.

Le musée de la Romanité

Des fouilles archéologiques n’ont cessé de révéler des vestiges plus modestes que les bâtiments tels que sépultures, amphores, monnaies, sculptures, sarcophages, frises sculptées, etc. Œuvres d’art et conteurs de la Romanité de la cité, ces vestiges sont aujourd’hui réunis dans le Musée de la Romanité. Exposés et détaillés, ils racontent également ce qu’était le quotidien des habitants de Nemausus.

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Pour les promeneurs curieux, marchez le nez en l’air dans le quartier historique : partout, bas-reliefs antiques incrustées dans les façades des bâtiments et des maison, frises et ornements de toute sorte et jusqu’au tracé des rues, rappellent le passé antique de Nîmes.

Comprendre les gallo-romains grâce au Sud de la France

Le pont du Gard

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Gosciny et Uderzo ont toujours associé l’Histoire aux aventures d’Astérix : leur récit de la Romanité en France restent une référence

Unique rescapé monumental d’un aqueduc de 52 km qui partait d’Uzès et courait jusqu’à Nîmes, le pont du Gard est un des rares monuments démontrant encore aujourd’hui le génie romain. Il apportait de l’eau tout en traversant montagnes et vallées de garrigue. Les archéologues et historiens situent sa construction entre 40 et 50 après J-C. Il est estimé que 5 années furent nécessaires à sa construction avec un millier d’hommes à l’ouvrage. Le débit moyen est évalué à 40 000 m³ et 400 litres d’eau par seconde ! Au menu ? Fontaines, thermes, puits pour le confort des habitants ! 3 niveaux soutenus par des arches présentent aujourd’hui une longueur de 275 m. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985, le pont du Gard attire chaque année des milliers de visiteurs.

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Orange ou Aurosio

Comme beaucoup de villes du sud de la France, Orange est fondée par des vétérans romains récompensés pour leurs 20 ans de services à la légion avec un lopin de terre dans une colonie de l’Empire.

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Ils créent donc Aurosio et la culture gallo-romaine s’y installe. On y trouve encore aujourd’hui quelques magnifiques vestiges tels que :

  • le théâtre antique qui accueille tous les ans les chorégies d’Orange et dont la qualité acoustique perdure, offrant un cadre idéal pour toutes les représentations théâtrales en plein air ;
  • l’arc de triomphe riquiqui mais joli, l’un des mieux conservés au monde (à ne pas confondre avec les arcs de triomphe tardifs tels que celui de Paris…)
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Arc de triomphe modeste mais symbole marquant des colons romains qui installèrent pour longtemps la Romanité en France

Arles, la petite Rome des Gaules

La cité brille encore de ses témoins de pierre antiques.

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  • Son amphithéâtre est bâti sur le modèle du Colisée de Rome. Distractions sanglantes avec combats de gladiateurs s’y déroulent pour le plaisir populaire (du pain et de jeux !) et une romanisation efficace. Après l’époque romaine, et comme à Nîmes, le site sert des siècles durant de forteresse et des habitations sont construites à l’intérieur (200 environ) ainsi que deux chapelles. Les lieux sont habités jusqu’au XVIIIe siècle. Les arènes retrouvent leur fonction de lieu de spectacle au cours du XIXe siècle. Ces arènes sont aussi inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981.
  • Le cirque consacré aux courses de chars a disparu. Son site est aujourd’hui occupé par le Musée départemental de l’Arles antique ou Musée Bleu (parce qu’il est bleu) qui expose une belle collection de vestiges gallo-romains de toute la région et pas uniquement de la ville d’Arles. Mosaïques, sculptures, éléments architecturaux ornementés, restes de navires antiques, sarcophages, témoins de l’activité fluviales et maritime, etc.
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La Romanité en France passe aussi par les jeux du cirque et ses reconstitutions sont fascinantes, ne les manquez pas !

Le Mucem à Marseille

Le Mucem n’est pas tout entier dédié aux cultures antiques ou gallo-romaines. On peut néanmoins profiter des salles qui présentent quelques trésors venus de plusieurs institutions :

  • musée du Louvre ;
  • cabinet des Monnaies ;
  • bibliothèque nationale de France ;
  • musée de l’Ephèbe d’Agde
  • musée départementale Arles antique.

On ne peut aussi profiter des bronzes antiques découverts à Volubilis au Maroc. Cette collection qui appartient au musée de Rabat et bénéficie d’une collaboration entre les deux pays, sont exceptionnels. Particulièrement bien conservés, ils témoignent de la mode vestimentaire, capillaire et des codes artistiques de l’Empire romain entre le 2e siècle avant et le 2e siècle après J-C. On ne sait pas dans quelle partie du monde romain ces bronzes ont été fabriqués mais cette incertitude renforce plus encore une vérité importante : au sein de l’Empire, la culture romaine a fait son chemin et s’est substituée peu à peu à ce qui préexistait. L’esthétisme romain, fortement inspiré et influencé par les arts grecs antiques est devenu la référence.

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Toute la civilisation méditerranéenne de l’Empire romain est représentée dans ces murs, avec une muséographie qui aide à en comprendre les règles et l’art de vivre. On peut plus aisément appréhender ce vaste espace au sein duquel les gens circulaient, faisaient du commerce, échangeaient, adoptant une culture différente de celle de leurs ancêtres sans jamais oublier leurs racines, simplement en acceptant un mode de vie qui participait à les inclure dans un ensemble politico-social et économique commun.

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Quand on parle des Gaulois et des Romains, il n’est pas rare de se heurter à une incompréhension favorisée par l’éloignement temporel gigantesque. Pourtant, il suffit de quelques heures passées à regarder, écouter, imaginer au milieu de monuments grandioses qui hantent encore la France pour approcher ces lointains citoyens gallo-romains. Soyez curieux ! Franchissez la frontière du temps et découvrez la Romanité en France.

Aller plus loin encore (en s’amusant) :

https://histoire-sympa.com/lempire-de-cesar-tous-les-chemins-menent-ils-a-rome%e2%80%89/
  • L’empire de César (jeu de plateau)
  • Seven Wonders (jeu de plateau)
  • Les aventures d’Astérix le gaulois (BD)
  • Murena (BD)
  • Assassin’s Creed Origins (jeu vidéo)
  • Gladiator (film)
  • 300 (film)
  • Cléopâtre (film)
  • Ben Hur (film)
Murena-hors-serie-historia
Hors série du magazine Historia incontournable pour les fans de la BD Murena et de la Romanité en France

Sources :

  • Sites internet des villes de Nîmes, Arles, du Mucem à Marseille
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