Musée Matra : Quand les Français battaient Ferrari sur les Circuits
Marque disparue corps et bien, ou presque, des routes de France, Matra rappelle que nous avons brillé sur les podiums. Faisant jeu égal avec les plus grands constructeurs, de Ferrari à Porsche, elle a remporté courses et suffrages nationaux dans les années 1970. La fermeture de sa maison mère du Loir-et-Cher a entrainé la création d’un musée à sa gloire. Niché au cœur de Romorantin, il accueille les visiteurs et réveille le souvenir de la grande époque : lorsque Matra battait des records sur les circuits.
Matra : un modèle d’innovation française
« Matra sera champion du monde de Formule 1 et gagnera les 24 heures du Mans »
C’est en 1945 que naît Matra. Au départ, il s’agit de voguer sur les besoins en armement. Mais dès 1960, l’idée de faire une incursion dans le prometteur marché de l’automobile tisse sa toile. Le fondateur, Marcel Chassagny, s’associe avec un petit constructeur, René Bonnet. Ils s’installent à Romorantin, dans le Loir-et-Cher, fief de l’entreprise de Bonnet. Leur première réalisation annonce la couleur. Sorti en 1962, le modèle Djet est équipé de 4 freins à disque, d’un moteur central arrière et d’une carrosserie en polyester. Première mondiale : il est le premier véhicule à moteur central qui sera fabriqué en série. Le succès est lancé et attire même un ancien de chez Dassault, Jean-Luc Lagardère. Ce dernier modernise encore la marque en créant Matra Sports. L’écurie se destine aux circuits.
Sans l’appui financier dont bénéficient les grands noms déjà installés dans le milieu, Matra relève le défi. Elle s’imposera pas son savoir-faire. En dix ans, avec le concours de coureurs d’exception tels que Jean-Pierre Beltoise et Pescarolo, Matra se forge une réputation au cœur des plus grandes courses de par le monde :
- 1965 : victoire à Reims ; 1969 : champion du monde des constructeurs et pilotes de F1 ;
- 1972, 1973, 1974 : vainqueur des 24 heures du Mans ;
- 1973 : champion mondial d’endurance ;
- 124 victoires en tout.
Dans le même temps, ses usines produisent régulièrement de nouveaux modèles :
- le Djet ;
- la M 530 ;
- la Bagheera ;
- la Murena ;
- la Rancho.
En 1984, c’est encore à Matra de prendre un temps d’avance sur ses concurrents. La marque créé l’Espace qui est ensuite commercialisé par Renault. À cette époque, 350 véhicules sont produits chaque jour à Romorantin. Mais en 2003, le vent tourne à la catastrophe et l’entreprise ferme ses portes, mise à mal par l’échec de son dernier modèle, l’Avantime.
Musée Matra de Romorantin : hymne à l’automobile française en Loir-et-Cher
M pour mécanique, A pour aviation, T pour Traction. Le slogan de Matra séduit, il fut tant de fois copié mais inégalé : Matra, la passion et la raison.
Les passionnés auront peut-être reconnu un modèle Matra dans le film Le Pacha avec Jean Gabin. Présentée comme véhicule de police, elle peut aisément servir pour courser les bandits !
Entre les murs de son ancienne maison mère de Romorantin, le musée Matra retrace l’histoire d’une marque révolutionnaire. Sur deux niveaux d’exposition, les 3 000 m² déploient un parcours ludique, qui plaît tant aux grands qu’aux petits avec :
- 4 salles ;
- 70 véhicules exposés ;
- une salle des moteurs où résonne le chant du moteur V12 ;
- un sous-sol peuplé des petits secrets du constructeur, spécifiquement pensé pour les enfants, avec la mise en lumière d’un espace F1 et de prototypes spectaculaires (le Spider Sbarro) ;
- une muséographie inventive, fidèle à l’esprit Matra, construite autour de bornes vidéo, de maquettes, de photographies, de fiches explicatives, d’anecdotes.
En déambulant, le visiteur croise :
- 8 formules ;
- 18 voitures de série ;
- 1 salle moteurs ;
- 30 prototypes ;
- 7 sport-prototypes ;
- les modèles vedettes : Djet, M 530, Bagheera, Rancho, Murena, Espace, Avantime.
On découvre et on apprend aussi combien la recherche Matra fut importante pour l’industrie automobile. En effet, la marque a créé :
- le modèle Espace devenu incontournable ;
- la protection anticorrosion par galvanisation à chaud ;
- des modèles sports qui ont clairement inspiré les constructeurs de bolides italiens (Maserati, Lamborghini).
Beau joueur, le musée Matra retrace l’historique d’une marque enterrée par les difficultés économiques mais propose chaque année des expositions temporaires qui mettent en avant la concurrence : Alpine, Citroën, Peugeot, Ferrari, Panhard, Simca. Toute une gloire passée qui se révèle au public le temps d’une visite.
À l’aurore de sa gloire, Matra avait conçu et sorti d’usine plus d’un million de voitures, toutes plus innovantes les unes que les autres. Prouvant que ses concepts valaient bien la réputation des machines de guerre destinées aux circuits de course automobile, la petite marque française a fait trembler Ferrari, Porsche et même Ford pourtant auréolé des victoires de sa Mustang. Une extraordinaire aventure du savoir-faire français à découvrir au musée Matra de Romorantin !
Visiter : Musée Matra
Sources :
- Dossier de presse museematra.com ;
- La Nouvelle République, val-de-loire-41.com et Wikipédia pour certaines photos.