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14 Juillet 1789 – Prise de la Bastille

Le 14 juillet, date de la prise de la Bastille, rime aujourd’hui avec feux d’artifices, défilés, bals et autres festivités populaires. Mais qui se rappelle encore que cette date entra dans l’Histoire nationale à la faveur d’un bain de sang ?

1788-1789 : la France, un pays exsangue

Première manifestation d’une Révolution française qui sombrera rapidement dans une répression aveugle et sanglante, la prise de la Bastille du 14 juillet 1789 découla d’une série d’événements que rien ne semblait pourvoir endiguer. En 1788, alors que la France connaissait une démographie plus radieuse depuis des années, les problèmes s’accumulaient. Les dépenses de la Cour et autres participations à la guerre d’indépendance de l’Amérique avaient fini de vider les caisses du roi. Du côté du petit peuple, les récoltes furent désastreuses et la famine s’annonça.

Noblesse et clergé refusèrent de mettre la main à la poche à moins que le roi n’organise le vote de nouveaux impôts à la faveur d’états généraux. Désemparé, Louis XVI nomma Jacques Necker, qui, bien que suisse, était connu pour être un financier compétent. Mais Necker était aussi prompt à porter des idées nouvelles sous le nom de réformes, ce qui fut, rapidement, l’objet de désaccords avec l’autorité royale.

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Des états généraux voués à l’échec

En 1789, l’urgence est là. Tous les Français mâles adultes sont appelés à participer à la rédaction de cahiers de doléances. Ceux-ci ont pour but d’éclairer la personne du roi, enfermée dans son confort versaillais, sur ce qui ne va pas dans son royaume… En quelques semaines, on rédige 50 000 cahiers ! Les Français veulent bien plus que des états généraux et des représentants, ils veulent l’abolition de la féodalité qui les réduit en esclavage, ils souhaitent la liberté et l’égalité de tous devant la loi, l’impôt, les emplois, la justice. Pourquoi la France a-t-elle combattu la couronne d’Angleterre aux côtés des colons américains si ce n’est pour se libérer à son tour des droits féodaux ?

Le 5 mai 1789, les états généraux réunissent 1 139 députés à Versailles. Ils sont répartis selon les trois ordres qui définissent alors le peuple français : 270 pour la noblesse, 291 pour le clergé et 578 pour le tiers état. Le ton est donné : dès que Necker ouvre la bouche, après une allocution sans promesse ni espoir de la part de Louis XVI, c’est pour évoquer la dette abyssale et le seul recours retenu : lever de nouveaux impôts. Le vote à toutes les propositions qui seront faites dans ce but se fera par ordre.

Les députés du tiers état ne sont pas dupes : jamais la noblesse ni le clergé n’accepteront de partager équitablement le poids financier de l’effort qui est demandé. Leur seule chance de faire respecter la volonté de ceux qui les ont élus, d’obtenir des réformes égalitaires, est de forcer le vote par tête. À ce jeu, ils seraient gagnants car plus nombreux.

Mauvaises tactiques royales

Mais le roi refuse catégoriquement. Mauvaise tactique : le 17 juin, les députés investissent le Jeu de paume et se proclament Assemblée nationale. Ils insistent, en dignes représentants de 97% de la Nation. Le 23 juin, le roi leur ordonne une dernière fois de se soumettre au vote par ordres. Mais le bras de fer entre « la Nation assemblée » et le roi a commencé. Le 27 juin, le roi semble céder en faveur d’un vote par tête, et ouvre les vannes malgré lui : l’Assemble nationale se déclare constituante le 9 juillet. L’intention est nette : la monarchie absolue vit ses derniers instants. Necker en profite de son côté pour argumenter auprès du roi. Il faut réformer. Mais Louis XVI, éduqué dans le coton palatial de Versailles, la légende forgée des Capétiens et mal conseillé par son entourage, fait volte face. Le 11 juillet, il renvoie Necker et met le feu aux poudres.

La nouvelle du départ de Necker se répand dès le 12 juillet. C’est un cri qui envahit Paris et fait naître la peur. Depuis quelques jours déjà, des régiments se sont massés autour de la capitale, soit-disant pour prévenir tout débordement. Mais ces hommes portent des uniformes suisses et allemands, tuez des français ne seraient pas un problème pour eux ! La foule prend peur, aiguillonnée par quelques orateurs comme Camille Desmoulins et rendue furieuse par la faim. En plein après-midi du 13 juillet, le peuple pense que, la nuit venue, les bataillons vont entrer dans Paris et massacrer tout le monde. L’urgence est donc de s’armer pour se défendre !

Le 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille

La fin de la journée du 13 juillet voit Paris se couvrir de tranchées et de barricades de fortune. Mais nombreux sont ceux qui pensent à trouver des armes. La foule gagne les Invalides et s’empare de canons et de quelques 32 000 fusils. Mais il n’y a pas de poudre, pas de boulets, peu de munitions. « Et la Bastille ? » C’est une prison royale mais c’est aussi une réserve : des barils de poudre dorment dans ses caves.

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La masse populaire se dirige donc vers la forteresse médiévale. Le mastodonte trône dans Paris depuis le 14e siècle et servit de prison depuis le règne de Louis XI. En 1789, il compte 8 tours, des courtines, une enceinte fortifiée, une bastide écrasante. Mais conserve 120 barils de poudre. Rien n’arrêtera la foule, ni les remparts hauts de 24 mètres, ni le fossé large de 25 mètres et profond de 8, ni ses gardiens.

La Bastille est alors gardée par 80 invalides et 30 mercenaires, souvent des étrangers. Bernard-René Jourdan de Launay en est le gouverneur depuis 13 ans. Il ne prend pas immédiatement la mesure de ce qui lui arrive et tente vainement de négocier des heures durant avec les représentants délégués par le peuple de Paris. Comme son roi, le gouverneur sera victime de son éducation, des traditions. Le devoir de sa charge, l’ordre et l’obéissance surpassent tout. En désespoir de cause, il fait tirer une première salve afin de dissuader les assaillants d’insister. Mais les fusils pris aux Invalides n’étaient pas tous vides et la réplique ne se fait pas attendre. Pire : la foule grossit encore et encore ! De Launay n’y tient plus et ordonne un autre tir, au canon.

Le gouverneur de la Bastille trahit par « son » roi

L’après-midi baigne de soleil cette scène terrifiante d’un peuple qui saigne, gémit et rugit face à une forteresse qui n’a plus connu de tels affrontements depuis des siècles. Aucune clémence ne viendra t-elle apaiser les esprits ? Soudain, le gouverneur croit que son roi lui envoie des renforts. Un détachement des gardes français s’avance au pas de charge entre les parisiens furieux et les corps mutilés. De Launay se croit sauvé… Jusqu’à ce qu’il écarquille les yeux : les gardes qui ont déjà pris parti pour les Parisiens la veille viennent prêter main forte à leurs compatriotes !

Dès lors, le gouverneur se sait perdu. Il fait ouvrir les portes mais la rage populaire ne lui épargne rien. Ses hommes et lui sont emmenés au milieu de cette foule qui leur assène toute sa colère. Insultés, frappés, beaucoup meurent. De Launay tombe sous des coups de sabre et finit décapité par un cuisinier. Jusque tard dans la nuit, alors que les assaillants fêtent leur victoire aux pieds de la Bastille, la tête du malheureux gouverneur dansera avec eux, au sommet d’une pique… Le 14 juillet 1789 s’est achevé avec la prise de la Bastille, une forteresse effrayante que le petit peuple a reprise à son roi.

Dans le calme bucolique du domaine royal de Versailles, Louis XVI aura passé sa journée à chasser. Rentré bredouille, il se couchera tôt après avoir écrit un laconique « 14 juillet : rien » dans son journal. Mais cette nuit embaumée de l’odeur du sang parviendra jusqu’à son lit. Le duc de la Rochefoucault-Liancourt le réveille en sursaut pour lui annoncer les faits. Des paroles entrent alors dans la légende : « _ C’est une révolte ? _ Non, Sire, c’est une révolution. »

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De ce 14 juillet 1789, jour de la prise de Bastille, rien ne subsiste, ou presque. Symbole d’oppression plus que de victoire populaire, elle sera démantelée entre le 18 juillet et octobre 1789 par 800 ouvriers. « Afin que le peuple put continuellement fouler au pied l’antique forteresse« , ses pierres serviront en grande majorité à la construction du pont de la Concorde achevé en 1791.

Sources :

Alain Decaux raconte la Révolution française aux enfants, Alain Decaux, éd. Librairie académique Perrin, 1988 ; Assassin’s Creed Unity, Ubisoft pour les images; Wikipédia.

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2 commentaires

    • Clémentine Fourau

      Bonjour Guillaume, merci pour ton commentaire ^^ Certes, il est souvent bien triste de constater que des conflits et des guerres trouvent racine dans une incompréhension réciproque et le refus de chercher une entente mutuelle.

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